Emile Javelle, alpiniste veveysan
Il y a dans le lever du soleil je ne sais quoi, qui, du fond de l'âme, fait monter le cantique : on voudrait chanter à tous les échos du ciel un hymne de reconnaissance et d'amour.
Certes, le spectacle du soleil se couchant dans la pourpre du soir et embrasant au loin les montagnes n'est pas moins sublime à voir. Mais j'y trouve comme un arrière-goût de tristesse, de mélancolie, qui resserre l'âme et appelle presque les larmes. Il y a plus d'humaine poésie peut-être, car c'est à ce moment que les lointains souvenirs, les regrets, les rêves de bonheur reviennent en foule. Mais aussi, à l'approche de l'ombre, plus encore qu'au sein même de la nuit, une vague inquiétude saisit le cœur : on voudrait s'attacher de tout son être à cette lumière qui disparaît et que rien ne saurait retenir.
Le matin, on marche vers le jour ; c'est l'heure de l'espérance, du cantique joyeux et pur. Le soir, on marche vers la nuit : c'est l'heure des songes mélancoliques, des regrets du passé, des craintes de l'avenir... Plus vieux peut-être, et penché vers la tombe, je préférerai ces heures mélancoliques du soir, ces adieux du jour qui s'éteint.
Jeune encore, j'aime mieux les lointains horizons resplendissant de pureté matinale, et le soleil levant qui donne l'espoir d'un beau jour !
Proverbe de chez nous
“Rien n’est impossible à l’homme; ce qu’il ne peut pas faire, il le laisse”.
“Rien n’est impossible à l’homme; ce qu’il ne peut pas faire, il le laisse”.
Les trois principes du bon vaudois
Chacun connaît, bien sûr, l'histoire de ce bon paysan vaudois affirmant . "J'ai fondé ma vie entière sur trois principes : méfiance, méfiance, méfiance"
Paul Chaudet - participer à la vie active du Pays
"Quand un citoyen se demande en toute sincérité comment il peut agir dans une société dépersonnalisée, je crois qu'il commet d'erreur initiale de vouloir dépasser de prime abord le cadre ethnique et géographique dans lequel il peut donner sa mesure" Pour Paul Chaudet ce qui importait avant tout c'était "le fonctionnement des institutions communales et cantonales, qui constituent l'assise d'une action politique fondée sur des réalités proches et concrètes.
"Quand un citoyen se demande en toute sincérité comment il peut agir dans une société dépersonnalisée, je crois qu'il commet d'erreur initiale de vouloir dépasser de prime abord le cadre ethnique et géographique dans lequel il peut donner sa mesure" Pour Paul Chaudet ce qui importait avant tout c'était "le fonctionnement des institutions communales et cantonales, qui constituent l'assise d'une action politique fondée sur des réalités proches et concrètes.
Guisan
Quand, passant devant le front d'une unité, je regarde chaque homme dans les yeux, que j'entends à haute voix son nom, son domicile, sa profession, je discerne derrière chaque visage un foyer, un logis de la ville ou des champs, des soucis et des joies, un destin.
Quand, passant devant le front d'une unité, je regarde chaque homme dans les yeux, que j'entends à haute voix son nom, son domicile, sa profession, je discerne derrière chaque visage un foyer, un logis de la ville ou des champs, des soucis et des joies, un destin.
Guisan II
Certes, notre peuple ne saurait se dérober aux grands problèmes qui se poseront demain aux hommes de toutes les nations. Mais, si universels que soient ces problèmes, il y aura toujours, pour les résoudre, une solution suisse. Or, tout ce que nous avons accompli jusqu'ici d'utile et de durable procédait justement d'une solution, d'une pensée suisse.
Certes, notre peuple ne saurait se dérober aux grands problèmes qui se poseront demain aux hommes de toutes les nations. Mais, si universels que soient ces problèmes, il y aura toujours, pour les résoudre, une solution suisse. Or, tout ce que nous avons accompli jusqu'ici d'utile et de durable procédait justement d'une solution, d'une pensée suisse.
Guisan III
Discours à ses soldats à la fin de la guerre:
La tâche qui vous attend maintenant ne sera pas aisée. Je vous dirai entre autres pourquoi : D'abord, la gratitude n'est pas un sentiment durable et si, aujourd'hui, l'opinion publique reconnaît encore ce que vous avez fait pour que le pays demeure libre, cette reconnaissance risque de s'effacer bientôt. Ensuite, l'imagination est un don rare. Notre peuple, dans sa grande majorité ne sera pas enclin à se demander, dans les années à venir...si le pays pourrait se trouver menacé à nouveau, ni comment. Ce que nous avons fait...sera toujours à refaire.
Discours à ses soldats à la fin de la guerre:
La tâche qui vous attend maintenant ne sera pas aisée. Je vous dirai entre autres pourquoi : D'abord, la gratitude n'est pas un sentiment durable et si, aujourd'hui, l'opinion publique reconnaît encore ce que vous avez fait pour que le pays demeure libre, cette reconnaissance risque de s'effacer bientôt. Ensuite, l'imagination est un don rare. Notre peuple, dans sa grande majorité ne sera pas enclin à se demander, dans les années à venir...si le pays pourrait se trouver menacé à nouveau, ni comment. Ce que nous avons fait...sera toujours à refaire.
Notre époque 1883...plus ça change....
Notre époque offre un singulier contraste. Elle tend à détruire par le nivellement tout ce qui est naturel, primesautier, original. Par l’importance croissante qu'elle donne à l'humanité en général et par la préoccupation de ce qui est commun à tous les hommes, elle tend à dissoudre les organismes nationaux, à décomposer l'inité spirituelle collective, et par suite à dépouiller la vie sociale de tout puissance artistique.
Tout ce qui est local s'en va : les dialectes, les costumes, les vieux usages. Notre époque est contraire à la poésie naturelle et instinctive : elle est sans pitié pour ces superstitions gracieuses qui mettaient l'homme en intime relation avec la nature. Aujourd'hui, nous ne savons plus personnifier les choses qui nous entourent ; elles ont perdu leur âme ; et nous somme là, tristement, en face des redoutables puissances de la matière, dont aucun prestige ne voile plus l'horreur à nos yeux. La religion elle-même est compromise par ce positivisme. - Mais par cela même, nous revenons avec un regret passionné vers ces temps où la nature n'était pas déserte comme aujourd'hui, et où la vie sociale elle-même se donner sa forme symbolique ; et nous allons demander un peu de poésie aux pays où l'antique unité existe toujours, ou bien aux temps où notre pays lui-même possédait encore la fécondité esthétique première. Les poètes et les artistes ne peuvent que regretter la poésie du passé et s'en inspirer.
L'abbé C. Roussel, 10 janvier 1883
Notre époque offre un singulier contraste. Elle tend à détruire par le nivellement tout ce qui est naturel, primesautier, original. Par l’importance croissante qu'elle donne à l'humanité en général et par la préoccupation de ce qui est commun à tous les hommes, elle tend à dissoudre les organismes nationaux, à décomposer l'inité spirituelle collective, et par suite à dépouiller la vie sociale de tout puissance artistique.
Tout ce qui est local s'en va : les dialectes, les costumes, les vieux usages. Notre époque est contraire à la poésie naturelle et instinctive : elle est sans pitié pour ces superstitions gracieuses qui mettaient l'homme en intime relation avec la nature. Aujourd'hui, nous ne savons plus personnifier les choses qui nous entourent ; elles ont perdu leur âme ; et nous somme là, tristement, en face des redoutables puissances de la matière, dont aucun prestige ne voile plus l'horreur à nos yeux. La religion elle-même est compromise par ce positivisme. - Mais par cela même, nous revenons avec un regret passionné vers ces temps où la nature n'était pas déserte comme aujourd'hui, et où la vie sociale elle-même se donner sa forme symbolique ; et nous allons demander un peu de poésie aux pays où l'antique unité existe toujours, ou bien aux temps où notre pays lui-même possédait encore la fécondité esthétique première. Les poètes et les artistes ne peuvent que regretter la poésie du passé et s'en inspirer.
L'abbé C. Roussel, 10 janvier 1883
Le cachet du terroir
C'est aux hommes d'étude qu'il appartient de reconstituer dans chaque province, dans chaque canton, dans chaque coin de terre, une originalité locale fondée sur l'étude du passé, sur la compréhension intime et poétique, en même temps que philologique et historique, de tout ce qui a, de tout ce qui peut recevoir le cachet du terroir.
Eugene Ritter. Notice biographique sur labbé Roussel, 1879
C'est aux hommes d'étude qu'il appartient de reconstituer dans chaque province, dans chaque canton, dans chaque coin de terre, une originalité locale fondée sur l'étude du passé, sur la compréhension intime et poétique, en même temps que philologique et historique, de tout ce qui a, de tout ce qui peut recevoir le cachet du terroir.
Eugene Ritter. Notice biographique sur labbé Roussel, 1879
L'idiome vaudois - Emile Javelle
Il serait à souhaiter que la jeunesse vaudoise, tout en apprenant le meilleur français, comprit bien qu'elle ne doit pas cesser d'aimer, et à plus forte raison, qu'elle ne doit point mépriser ni oublier son idiome maternel, si riche, si doux et si expressif. Ce serait à tort qu'on aurait pour le patois ou la langue populaire une sorte de mépris : les langues ne sont point tout entières dans leurs formes classiques pas plus que l'arbre n'est tout entier dans sa fleur.
Emile Javelle, Prof - Journal de Vevey du 16 mars 1875
Il serait à souhaiter que la jeunesse vaudoise, tout en apprenant le meilleur français, comprit bien qu'elle ne doit pas cesser d'aimer, et à plus forte raison, qu'elle ne doit point mépriser ni oublier son idiome maternel, si riche, si doux et si expressif. Ce serait à tort qu'on aurait pour le patois ou la langue populaire une sorte de mépris : les langues ne sont point tout entières dans leurs formes classiques pas plus que l'arbre n'est tout entier dans sa fleur.
Emile Javelle, Prof - Journal de Vevey du 16 mars 1875
Gilles
« Pays Vaudois, chanson d’eau douce et de feuillage qui, de l’Aple au Jura,murmure simplement :
‘‘Mon fils, pour t’évader de ce monde accablant, si le rêve et la paix sont le bonheur du sage, tu les trouveras là, sans quitter ton village, réunis, grâce à Dieu, dans ce joli vin blanc !’’»
« Pays Vaudois, chanson d’eau douce et de feuillage qui, de l’Aple au Jura,murmure simplement :
‘‘Mon fils, pour t’évader de ce monde accablant, si le rêve et la paix sont le bonheur du sage, tu les trouveras là, sans quitter ton village, réunis, grâce à Dieu, dans ce joli vin blanc !’’»