Dr. Armand Forel 1920 - 2005
Homme de cœur , il s’est occupé de dizaines de milliers de patients. « J’ai soigné des libéraux, des popistes, des socialistes. Il se fichaient de mes opinions. Quoique en 1950 à l’ouverture du cabinet, ils se méfiaient plus de l’athée que du communiste », note-t-il dans ses souvenirs rassemblés dans son autobiographie (Médecin et homme politique).
Sur la porte de son cabinet médical, on pouvait lire « Entrez sans frapper », une familiarité qui se poursuivait lorsque le « docteur des pauvres » surprenait les nouveaux patients avec sa manie de tutoyer tous les gens présents dans la salle d’attente. Véritable médecin de famille, il n’a pas hésité un soir à passer la nuit au chevet d’une patiente dont l’état lui inspirait des craintes, en demandant simplement une couverture pour lui tenir chaud pendant son sommeil sur un fauteuil au salon. Surnommé tour à tour « Armand-le-Rouge » ou « l’épouvantail de la droite », maniant un humour acide, le député Forel en imposait à tel point que les murmures habituels dans la salle du parlement vaudois cessaient dès qu’il montait à la tribune. Il s’était présenté plusieurs fois comme candidat au Conseil d’Etat, mais il n’a jamais passé la rampe, malgré des scores remarquables. A l’époque, comme le note André Rauber, les socialistes étaient encore hostiles à des listes d’union de la gauche.
L. Duvanel